Du 26 juillet au 16 août 2025, Ibrahim Ali Mohamed a participé, aux États-Unis, au prestigieux International Visitor Leadership Program (IVLP). À son retour, il a accepté de répondre à nos questions pour expliquer à nos lecteurs la portée de ce programme et partager son analyse sur l’avenir de l’entrepreneuriat aux Comores.
Domba Direct : Félicitations pour votre participation à l’IVLP. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistait ce programme ?
Ibrahim Mohamed : Merci à vous et à toute l’équipe de Domba Direct. Le IVLP est un programme d’échanges qui réunit des responsables et entrepreneurs du monde entier autour d’organisations publiques et privées, ainsi que de structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat. L’objectif est de partager des expériences, de s’inspirer des meilleures pratiques et de nouer des partenariats « gagnant-gagnant ».
Durant notre séjour, nous avons rencontré des chefs d’entreprises et échangé sur des secteurs variés : formation technique et professionnelle, intelligence artificielle, cybersécurité, cryptomonnaie, agriculture et pêche, boulangerie et pâtisserie, commerce de la vanille pour la production de glaces, textile et artisanat.
DD : Vous avez représenté les Comores dans un programme international de grande envergure. Selon vous, quels critères ont conduit à votre sélection ?
IM : Honnêtement, je ne connais pas précisément les critères retenus par le Département d’État américain. Toutefois, une chose est certaine : mon engagement depuis plus de 11 ans en faveur de l’entrepreneuriat et du soutien aux jeunes entrepreneurs, hommes et femmes, a été reconnu aussi bien au niveau national qu’international.
Il faut rappeler que l’on ne postule pas pour l’IVLP : ce sont les ambassades des États-Unis qui identifient et sélectionnent les participants. Je pense que mon travail dans le conseil en investissement, la coopération économique, la promotion d’une économie durable et la création d’emplois décents a été déterminant dans ce choix.
DD : Quel intérêt tirez-vous de cette expérience ?
IM : Déjà, être choisi pour représenter mon pays dans un programme aussi prestigieux est une victoire en soi. C’est une reconnaissance qui dépasse ma personne et honore tous ceux qui me soutiennent.
Ensuite, l’IVLP m’a permis d’intégrer un réseau de décideurs et d’experts issus de plus de 20 pays, travaillant sur des questions liées à l’investissement durable, aux politiques publiques économiques et sociales. C’est une opportunité unique pour développer des partenariats solides entre les Comores, les États-Unis et les autres pays représentés.
DD : Après vos échanges et observations, quel regard portez-vous sur le système comorien ? Sommes-nous sur la bonne voie ?
IM : Sur le plan des politiques publiques, il reste beaucoup à faire, même si je salue les efforts de l’administration du Président Azali Assoumani, notamment dans le développement des infrastructures routières, hospitalières et énergétiques.
Cependant, une réforme en profondeur de notre système administratif et juridique est indispensable si nous voulons inspirer confiance aux investisseurs.
Sur le plan économique, les orientations sont bonnes, mais il est crucial de renforcer la lutte contre la corruption, d’instaurer plus de transparence et de sanctionner les détournements de fonds publics.
Concernant la politique sociale, tout reste à construire. Les jeunes, les femmes, les personnes vulnérables et les retraités doivent être au cœur de nos priorités. À ce titre, je remercie les partenaires internationaux tels que le système des Nations Unies, l’ambassade des États-Unis, l’UNECA, l’OIT, l’OIF et l’ambassade de France, qui soutiennent activement la société civile comorienne.
DD : Quels axes devraient être prioritaires selon vous ?
IM : La stabilité administrative et juridique. Sans cela, les investisseurs sérieux ne viendront pas. « L’argent n’aime pas le bruit ». La sécurité des investissements doit être garantie, au-delà de simples lois votées. C’est la condition première pour attirer des capitaux de qualité.
DD : En tant que chef d’entreprise et accompagnateur de porteurs de projets, qu’attendez-vous des autorités et des organisations internationales pour soutenir l’entrepreneuriat aux Comores ?
IM : Je les encourage vivement à redoubler, voire à tripler leurs efforts. Les Comoriens, en particulier les jeunes entrepreneurs, comptent sur eux pour développer des opportunités et bâtir un avenir meilleur.
Propos recueillis par AMM

